Book Description
Le roi, le marchand et le sel présente les Actes d'une table ronde réunies en septembre 1986 dans la saline royale édifiée par Ledoux à Arc-et-Senans. L'analyse de la genèse de l'État moderne, de la fonction de la guerre et du rôle dévolu à l'impôt du sel dans la construction de ses finances ouvre la voie à de belles études. Les précurseurs ont été les communes marchandes italiennes, les royaumes espagnols et la Provence du frère de Saint Louis. C'est pourtant dans le royaume de France des Valois et des Bourbons que la gabelle du sel s'est affirmé avec le plus de force, provoquant à la fois l'enrichissement des fermiers, les colères populaires et une contrebande éffrénée. Dans l'empire, les villes qui disposaient du monopole de production masquaient l'impôt sous le profit commercial. Ce profit consolida les finances et le pouvoir des ducs d'Autriche et les Habsbourg finirent par conquêrir les mines de Pologne. Il contribua aussi à la puissance commerciale des Provinces-Unies aux 16e et 17e siècles. L'impôt du sel n'a pas été seulement un phénomène européen mais mondial. Il n'est pas lié à un type d'État ni de formation économique et sociale. On suit sa destinée depuis la Rome antique jusqu'au Japon d'aujourd'hui, en passant par l'Amérique hispanique et l'Afrique noire colonisée, la Chine et l'Inde anglaise, où Gandhi s'empara de la question du sel pour en faire une arme de libération nationale contre la domination britannique. Le sel se prêtait à ce prélèvement fiscal massif qui nous rappelle que dans de nombreuses sociétés il avait assumé, dans l'échange marchand, toutes les fonctions sociales d'une monnaie.