Book Description
Le nouveau système africain de maintien de la paix trouve son fondement dans les transformations intervenues dans la société internationale dès le début de la décennie 1990. Il est simultanément une réponse aux limites des mécanismes antérieurs de règlement des conflits en Afrique et une réaction régionale à l'évolution de la stratégie onusienne vers un partage de responsabilité avec les organisations régionales. Il ouvre en tout état de cause une nouvelle page du maintien de la paix en Afrique et élève les OIG africaines au rang des principaux acteurs de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits sur le continent. L'activisme des OIG africaines dans les processus de paix en Côte d'Ivoire, au Darfour (Soudan), en Somalie, en République centrafricaine et dans plusieurs autres situations de conflit en Afrique subsaharienne, atteste de cette place centrale désormais occupée par le nouveau système continental. Ces multiples initiatives de paix prises en moins d'une décennie, ne permettent pas de conclure à l'existence d'une culture stratégique africaine. Mais elles établissent tout au moins les prémisses d'une emprise de l'Etat africain sur le nouveau système de sécurité. Il découle en effet des fonctions et des pouvoirs des nouvelles structures de sécurité collective que l'Etat africain se situe au coeur du système continental de sécurité en ce sens qu'il en est le principal, voire l'unique sujet et objet. Cependant les nouveaux conflits africains impliquent une multitude d'acteurs autres que les Etats, d'où l'une des principales incohérences du système. Par ailleurs, la configuration des différentes organes ainsi que l'articulation de leurs compétences et pouvoirs respectifs, suscitent d'importantes réserves sur l'aptitude du nouveau système à assurer la prévention, la gestion et le règlement des nouveaux conflits africains. C'est ainsi que les principales limites du nouveau sytème continental de sécurité sont, pour l'essentiel, inhérentes à sa conception. Il aurait ainsi besoin moins d'un appui d'Etats et d'OIG étrangers, que d'un renforcement interne consistant principalement en la restauration de l'autorité du Conseil de paix et de sécurité (CSP) de l'UA qui semble être plus une structure de représentation étatique qu'un organe central d'une fonction de prévention, de gestion et de règlement des conflits.