Le Roman d'Un Jeune Homme Pauvre: Octave Feuillet


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Le Roman d'un jeune homme pauvre est un roman d'Octave Feuillet paru chez Michel Lévy en 1858.Ce roman sentimental à fond social a connu un grand succès commercial à sa sortie. Il a aujourd'hui mal vieilli, mais a été l'objet de nombreuses adaptations.Voici la seconde soirée que je passe dans cettemisérable chambre à regarder d'un oeil mornemon foyer vide, écoutant stupidement lesmurmures et les roulements monotones de la rue, et me sentant, au milieu de cette grande ville, plus seul, plus abandonné et plus voisin dudésespoir que le naufragé qui grelotte en pleinOcéan sur sa planche brisée. - C'est assez delâcheté ! Je veux regarder mon destin en facepour lui ôter son air de spectre: je veux aussiouvrir mon coeur, où le chagrin déborde, au seulconfident dont la pitié ne puisse m'offenser, à cepâle et dernier ami qui me regarde dans ma glace.- Je veux donc écrire mes pensées et ma vie, nonpas avec une exactitude quotidienne et puérile, mais sans omission sérieuse, et surtout sansmensonge. J'aimerai ce journal: il sera commeun écho fraternel qui trompera ma solitude, il mesera en même temps comme une secondeconscience, m'avertissant de ne laissedans ma vie aucun trait que ma propre main nepuisse écrire avec fermeté.Je cherche maintenant dans le passé avec unetriste avidité tous les faits, tous les incidents quidès longtemps auraient dû m'éclairer, si lerespect filial, l'habitude et l'indifférence d'unoisif heureux n'avaient fermé mes yeux à toutelumière. Cette mélancolie constante et profondede ma mère m'est expliquée; je m'expliqueencore son dégoût du monde, et ce costumesimple et uniforme, objet tantôt de railleries, tantôt du courroux de mon père: - Vous avezl'air d'une servante, lui disait-il.Je ne pouvais me dissimuler que notre vie defamille ne fût quelquefois troublée par desquerelles d'un caractère plus sérieux: mais jen'en étais jamais directement témoin. Les accentsirrités et impérieux de mon père, les murmuresd'une voix qui paraissait supplier, des sanglotsétouffés, c'était tout ce que j'en pouvais entendre.J'attribuais ces orages à des tentatives violenteset infructueuses pour ramener ma mère au goûtde la vie élégante et bruyante qu'elle avait aimée7 autant qu'une honnête femme peut l'aimer, maisau milieu de laquelle elle ne suivait plus monpère qu'avec une répugnance chaque jour plusobstinée. À la suite de ces crises, il était rare quemon père ne courût pas acheter quelques beaubijou que ma mère trouvait sous sa serviette en semettant à table, et qu'elle ne portait jamais. Unjour, elle reçut de Paris, au milieu de l'hiver, unegrande caisse pleine de fleurs précieuses: elleremercia mon père avec effusion; mais, dès qu'ilfut sorti de sa chambre, je la vis hausserlégèrement les épaules et lever vers le ciel unregard d'incurable désespoir.







Le Roman Dun Jeune Homme Pauvre


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Le roman d'un jeune homme pauvre