Book Description
Plus d'une décennie après son adoption dans les universités de l'Afrique francophone, la réforme Licence-Master-Doctorat (LMD) n'a pas résolu les difficultés d'insertion professionnelle des diplômés tant espérée (Qachar et al., 2020). Malgré la professionnalisation des offres de formation, le problème d'insertion professionnelle des diplômés de l'enseignement supérieur demeure préoccupant (Pari et al., 2020). La situation met au cœur des débats trois paradoxes importants soulignés par l'OCDE (2016). D'abord, le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur connait un accroissement vertigineux alors que les entreprises se plaignent du manque de main-d'œuvre qualifiée. Ensuite, l'observation des secteurs d'enseignement au Togo montre que, plus on avance dans la scolarité, plus le taux de chômage augmente. Enfin, à l'étude on découvre que les diplômés des universités privées s'insèrent relativement mieux que leurs homologues des universités publiques. Ces paradoxes soulèvent la question de l'adéquation formation-emploi, la valorisation des compétences professionnelles des diplômés de l'enseignement supérieur et semblent mettre aussi en exergue l'influence du type d'université fréquentée par rapport à l'insertion professionnelle des diplômés sur le marché de l'emploi. Quels sont les facteurs qui expliquent ces paradoxes et influencent l'insertion professionnelle des diplômés des universités du Togo? Telle est la question qui était au cœur de cette recherche. Plusieurs avenues s'offraient à nous pour y répondre. Dans une approche méthodologique mixte, nous avons choisi en premier lieu d'examiner d'abord l'effet de l'université de provenance comme facteur prédictif de l'insertion professionnelle inégalitaire des diplômés des universités du Togo. Ensuite, nous avons analysé les facteurs relatifs au capital humain et au capital social et les caractéristiques individuelles des diplômés. Enfin, nous avons comparé l'insertion professionnelle des diplômés de l'université de Lomé et de l'université catholique du Togo. En deuxième lieu nous avons interviewé les diplômés et les employeurs. Selon les résultats de nos analyses, il existe un lien statistiquement significatif entre le capital humain et social dont disposent les diplômés et la probabilité d'avoir un emploi dans leur domaine d'étude. Ce lien se remarque aussi par rapport au contrat plus ou moins sécuritaire que les diplômés des deux universités signent dans leur emploi avec le salaire qu'ils reçoivent mensuellement. Les caractéristiques sociales individuelles, le capital humain et social des diplômés de l'UL et de l'UCAO-UUT influencent leur insertion professionnelle sur le marché de l'emploi du Togo. Mais c'est le domaine d'étude qui semble mieux expliquer le type de contrat de travail et le salaire des diplômés. Si les résultats indiquent que la fréquentation d'une université est fortement liée à l'origine sociale du diplômé surtout à la catégorie socioprofessionnelle du père, ceux-ci n'indiquent pas suffisamment le lien associatif direct entre l'établissement de provenance et l'insertion professionnelle des diplômés. Cependant, les résultats révèlent une forte relation entre le capital humain, notamment le niveau d'étude et le domaine d'étude sur le salaire. Les diplômes de Licence et de Master de l'université catholique du Togo sont majoritairement plus valorisés du point de vue salarial que les diplômes de Licence et de Master de l'université de Lomé. Cette différence est davantage liée à l'origine sociale des diplômés et, par ricochet, à l'influence de leur capital social mobilisé qu'à l'effet de l'établissement de provenance. Ces résultats confirment les deux hypothèses à l'étude.